30 novembre 2009

En cette heure virginale.

C’est un bavardage assommant qui se déverse en flots continus de la radio. J’éteins le poste, jette un coup d’œil par la fenêtre : la neige a commencé à tomber depuis plusieurs jours dans ce petit bled, recouvrant le paysage d’un linceul virginal des plus reposants. Je mets alors Mental Invasion, et m’installe dans le rocking chair, recouvert d’une couverture d’un vert criard jurant horriblement avec le papier peint du salon, typique des locations en montagne ; un bol fumant entre les mains, je regarde la neige se déposer délicatement sur ce qui semble être notre monde.

Merde ! Le vase est cassé, il git à mes pieds en plein milieu du couloir, pointant un tesson accusateur en ma direction. Je baisse la tête d’un air coupable quand tu surgis de la cuisine pour me fusiller du regard. Et tandis que je fais semblant de m’intéresser à mes pieds, tu tournes les talons et claque la porte. Hébété, je reste planté là comme un demeuré pendant quelques instants, puis je franchis pieds nus le champ de céramique coupante qui nous sépare, bien décidé à te prendre dans la salle de bain.

Soulsavers – Love

Je suis à la terrasse du café qui borde les pistes, j’observe toutes ces familles grand format qui dévalent à la queue leu leu les pentes enneigées qui s’offrent à ma vue. Les monoskis fleurissent aux pieds des sexagénaires encore en état de pratiquer, et les petites vieilles qui sont assises aux tables autour de moi ont le visage plus tanné que des brésiliens. Les moniteurs sont toujours aussi flamboyants, tout de rouge vêtus, toujours plus bruyants et dragueurs devant les mères de famille qui viennent inscrire leurs bambins, et même que ça leur plait, aux MILF. Je crache sur une paire de skis rangés à ma gauche pendant qu’un môme s’éclate la tronche sur une plaque de verglas.

Chet Baker – My Funny Valentine

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