Promotion canapé sur la barquette de fraises.

Cet été-là, Dorian et moi sommes partis aux Etats-Unis. Seuls, avec la route, c'était notre vieux rêve, avec une vieille Lada, de vieux espoirs, et l'excitation de jeunes chiots. On est passés à New York, mais on a fait le tour de ces vieilles villes industrielles. Atlanta, Chicago, la côte Est en pleine récession, les clochards et la fierté. On a vu le Sud et l'Ouest, mais on en a pas retenu grand chose, à part la poussière, la gorge sèche et Ennio Morricone dans les lignes droites, une Bud dans la main gauche, les vitres grandes ouvertes et les volets de nos Ray-Ban fermés. Le clinquant qui clignote de la Californie, Las Vegas, son strip, les strip-tease, et la tize, rengaine facile, refrain offert. On a trouvé des anges, au Nord, perdus au fin fond d'un état oublié par les étudiants français. Alors on a shooté. En noir et blanc, et en couleurs atones, Mary l'apparition, et ses amies, brunes, comme elle. Mary, seule, surtout. A visage découvert, ou non, à corps lascifs et ouverts, ou non. Parfois, l'excitation a fait bouger nos bras, mais, et peu importe le cliché, nos souvenirs sont clairs, et limpides, malgré le flou, et le cadrage hésitant: la sincérité en suinte, ils transpirent. Ils coulent comme le vin rouge ensoleillé américain dans ma bouche. Envoûtantes, ces filles ont laissé un goût de fini dans nos crânes sclérosés par les abus, et des traces délicieuses sur nos pellicules. La lumière éclatante dans la chambre et la boîte noire, le blanc éblouissant d'une étape et le carrelage étoilé d'une autre résonnent encore devant mes yeux, dansent devant mes rétines. Quand je serais plus vieux, je retournerai dans le Montana.

Crédits Photos: Barbara Vidal.