25 novembre 2010

Passion.

Ca sonne sûrement très stupide comme ça, mais quand elle est entrée dans la pièce, j'ai su comment ça allait se finir, comment l'histoire allait se dérouler. On a discuté tranquillement face à la fenêtre, on surplombait la ville, une ville, et c'était plutôt joli. Je lui ai proposé de lui servir un verre mais elle l'a gentiment décliné, souriant, comme si elle voulait que je lui dise ce que j'avais à lui dire qu'elle puisse enfin s'en aller. Elle portait des fringues banales auxquelles je n'ai pas fait attention tant je m'en foutais et tant ce qui m'intéressait vraiment chez elle se trouvait autre part.

On a ri ensemble à l'une de mes blagues puis elle a demandé si je voulais aller ailleurs et comme ça me branchait bien, j'ai dit oui. On est allés sur le grand balcon et l'embrasser aurait ajouté un peu de perfection au tableau mais ce n'était peut-être pas ce dont j'avais envie. J'ai hésité à faire d'autres blagues, je voulais qu'elle sache que je me sentais bien, comme si j'avais toujours su m'y prendre avec elle. Je lui ai raconté un truc que j'avais vu sur internet parce que ça me donnait, j'en étais persuadé, un air incroyablement détendu. Elle passait constamment sa main dans ses cheveux d'un air inquiet, comme si elle avait peur que l'orage qui approchait ne noie tout ce qu'on avait fait jusque là.

L'orage menaçait clairement et lorsqu'elle a voulu qu'on marche encore je n'ai pas osé refuser parce que ça aurait été montrer que je voulais que quelque chose se passe ailleurs, que je voulais l'emmener quelque part où on aurait pu parler un peu plus tranquillement. Elle le savait certainement, j'étais beaucoup trop sûr de moi pour ne rien cacher. Lorsqu'elle a pris ma main, j'ai commencé à avoir envie d'être ailleurs, il y avait du foot à la télé ce soir-là et on aurait pu passer la soirée à tweeter frénétiquement mais elle en avait décidé autrement (car elle n'aimait pas le foot) et je ne savais même pas comment je pouvais lui en vouloir. Je matais le mur et la façon dont la lumière se réfléchissait sur son visage, ça me plaisait et m'occupait pas mal. J'ai passé quelques minutes à l'écouter parler en l'observant, à décrire son visage dans ma tête, dressant une liste de ce que j'y aimais ou pas (l'une de mes activités favorites), comme si j'étais prêt à acheter ce truc et que je voulais être sûr qu'il me plairait pour le restant de mes jours. J'aimais bien : ses yeux sombres, ses cheveux longs et bruns qui tombaient négligemment en dessous de ses épaules (bien en dessous en fait), son nez d'enfant, sa bouche fine mais affreusement jolie. J'aimais moins : ses lobes d'oreilles, sa façon de froncer les sourcils quand elle s'apercevait que j'avais la tête ailleurs, son sourire lorsqu'il était trop forcé.

Je savais pertinemment que je commençais à nous connaître par coeur, à la connaître un peu. On a commencé à se raconter des histoires, à parler de nos peurs. J'en avais pas vraiment en tête, alors je lui ai raconté une histoire assez triste sur mon passé. Elle s'est contentée de sourire sans en dire beaucoup plus (juste un "ça arrive" très pertinent), contentée de me raconter une histoire qu'on aurait pu croire similaire. Je me suis assis face à l'immensité offerte à nous et elle m'a rejoint. J'ai su que c'était le moment où elle allait essayer de me parler de ce que je faisais de ma vie.

Et ça n'a pas loupé. Elle m'a dit qu'elle trouvait ce que je faisais - écrire des trucs - cool, puis m'a demandé si c'était basé sur des faits réels. C'était une conversation que j'avais eu des dizaines de fois depuis que j'avais commencé, si bien que je ne m'inquiétais pas de ma réponse vu que je la connaissais par coeur : j'ai dit, comme si je récitais une leçon, que peut-être bien que oui, peut-être bien que non, et que de toute manière ça ne regardait certainement que moi. Elle a pas vraiment réagi, j'imagine que c'était simplement une question destinée à combler un blanc dans la conversation (et partant de ce principe, c'était un but très honorable) et qu'elle se foutait de ce que j'allais répondre. Parce que c'était ça, pour moi : les gens que je connais me posent cette question pour faire comme s'ils s'inquiétaient vraiment de ce que je raconte, alors qu'au fond ça les emmerde très certainement. C'était qu'une fois parmi d'autres. Elle a dit que c'était "bien". Rien de plus.

Quand on est enfin rentrés parce que la pluie commençait à tomber lentement mais sûrement, je me suis servi un verre - peu importe si elle pensait que je ne tenais pas mes promesses. J'ai vite réfléchi à ce qu'on avait fait jusque là et ça me semblait beau d'en être là, à ce moment-ci de la soirée où on n'avait certainement plus rien à se dire, plus aucun mal à se faire, à ce moment où on regardait tout s'effriter pour nous. Les lumières s'allumant lentement devant nous, j'ai réalisé en frottant une allumette pour l'éteindre aussitôt que j'étais quelque chose comme le mec le plus génial qu'elle allait rencontrer dans sa vie, en toute sincérité et modestie. Que si je n'étais pas fait pour elle, personne ne l'était, bien qu'on soit encore si jeunes.

Azari & III - Into The Night (Prince Language Remix)

9 commentaires:

Vadim P. a dit…

Vous avez rien à dire les gens? Il le mérite pourtant.

Anonyme a dit…

#vraimentpd mais heureusement ça parle d'une meuf

Max a dit…

J'aime pas du tout, déjà vu.

Anonyme a dit…

Arrêtez, ils vont croire qu'on les aime plus, et sans ironie aucune, une vie sans la Frange, ça n'a rien de cool.

Anonyme a dit…

ce text était vraiment bien mais je sais pas manque un truc à la fin

Matthieu M. a dit…

genre une éjac faciale tu crois?

Maxime a dit…

Une vilaine sodomie cadrerait mieux.

Fanchon Cameron a dit…

Ça donne envie d'être a la place de cette jeune fille .. Ca pue le romantisme mais ça plait.

Clara a dit…

Plein d'amour (salut 2013)