7 novembre 2009

Le 9, tu sors, ou j'te sors.

Ok, j'ai vu que ses deux derniers films, mais tu vois, je m'en cogne, Sam Mendes, je lui pardonnerai toutes ses erreurs filmographiques prospectives et rétrospectives rien que pour l'amour des Noces Rebelles et d'Away We Go, que l'on pourrait librement traduire par "Viens, on se casse", ou encore "Moi, j'en ai marre, je me barre".

Même si ce n'est pas le sujet principal de ce post, les similitudes perçues entre ces deux films en font, en ignorant le reste de l'oeuvre de Sam dont je serais bien incapable de parler, un diptyque sur le couple, une Face A et une Face B, avec, dans le traitement des rapports et son rendu de nombreux effets de miroir. Les deux couples de protagonistes sont des gens qui ont été ou sont encore plein d'espoirs, confrontés au principe de réalité imposé par leur environnement, entourés par des ratés, des fous, des pessimistes, qui leur rappellent soit l'échec de leur vie, soit celui probable de leur amour s'ils ne lui laissent pas la chance de respirer. La voiture semble être un des lieux privilégiés du traitement du couple pour l'ami Samy, qui fait plus que régulièrement évoluer ses héros dans le cadre restreint de l'habitacle, souvent en mouvement, parfois à l'arrêt, pour une scène de calme ici, et ailleurs une scène de ménage d'une intensité rare, toutes deux placées au début du film. Encore, l'attachement aux visages, aux gestes anodins, au quotidien et au trivial, aux regards, qui trahissent les intentions, et leur pureté, ou non, une sincérité sans faille dans les personnages, leur placement dans le cadre, souvent seuls et pas tout à fait au milieu, comme pour signifier que la perfection n'est pas de ce monde, mais qu'on essaie, de faire de notre mieux et de se tenir droit, quoi qu'il arrive, malgré les peurs et nos manques que les autres nous renvoient. Et puis la fuite en avant, le voyage. Comme dernier recours, comme exutoire, comme dernière chance, le dernier souper au chateau, la dernière pierre qui permettrait de solidifier l'édifice, et au final, un échec-un succès, un partout balle au centre.

Away We Go, ce sont donc les tribulations d'un plus si jeune couple qui attend son premier kid, et qui flippe comme si ils passaient leur bac tous les jours pendant 9 mois. Elle, Verona a 34 piges, afro-américaine, ou sinon café au lait, en tout cas, en chie pour s'imaginer être une mère quand elle a perdu la sienne, et a pour trait caractéristique de refuser le mariage pour des raisons d'attendance parentale. Burt est un gosse de 33 balais, genre l'ado mal dégrossi qu'on a tous en TD au moins une fois et qui finira avec des grosses lunettes à double foyer, un taff de démarcheur téléphonique dans les assurances, une barbe de 45 jours, fringué à l'allemande, les bras ballants et un peu gênants, le mec qu'on plaindra alors qu'en fait il y a des risques que sa vie soit bien plus bandante que la notre sur bien des points: la preuve avec le "stroller ride" de Wolfie chez LN et son Roderick.

Phoenix, Tucson, Montreal, Miami (si mes souvenirs sont bons, c'est ça), et en tout cas, ils sont beaux, et un joli carton Away To à chaque fois, un peu comme un brb: on sait tous que la boucle va être bouclée parce que tous ceux qu'ils trouveront en route seront des couples aux fêlures multiples, des monstres, des freaks, ou finalement ce dernier couple et demi, les anciens camarades d'études, et cette scène incroyable de franchise dans ce karaoké-bar, et les pancakes, et l'amitié, cette hônneteté loin du pathos, celle de deux mecs saoûls mais lucides, qui décident de poser cartes et couilles sur la table, malgré le fait qu'ils ne se soient pas vus depuis une plombe, (sérieusement, j'en veux des comme ça), et ce frère largué dans tous les sens du termes.

Tous ces couples aux configurations multiples sont en lambeaux et tentent de recoller, ou même pas, les morceaux de verre du vitrail représentant le bonheur parfait. Ils se soignent au sirop d'érable pour noyer le pessimisme ou s'enterrent dans l'alcool pour oublier qu'ils ne savent même pas pourquoi ils sont encore collés ensemble. Impuissants, ils se sont résignés à voir le monde et leur sang, leur chaîr les abandonner, mourir cérébralement sous leurs yeux, sans rien pouvoir faire pour les aider que les soustraire au monde en sachant qu'ainsi ils les tueraient, ou s'adonner au pessimisme avec plus de zèle, mais moins de classe souvent, que Schopenhauer.

Pour échapper au bordel sans nom que réprésentent tout ces bouts de vie, rien de mieux, encore, que la fuite, et le calme de la flotte qui borde une maison abandonnée. 

4 commentaires:

Margaux T a dit…

C'était Tucson, Arizona. Très beau film.

Y. a dit…

j'ai trouvé quoi faire en cette veille de jour férié, merci monsieur
et si tu ne l'as pas vu regarde american beauty, il a beaucoup de similitudes avec les noces rebelles aussi

Margaux B a dit…

Vadim, je t'aime.

Vadim P. a dit…

Ouais, en fait j'ai vu American Beauty, je viens de m'en rappeler.

Mais il m'a moins marqué.