29 novembre 2009

Pour votre sécurité, veuillez prendre le trottoir d'en face, merci.

On est au bar du Sofitel, tous enfoncés dans des canapés en cuir qui nous avalent un peu plus à mesure qu’on avale les verres que l’on nous sert et qui ne restent jamais longtemps vides sur la table. Dans le luxe, on fait vite disparaître les cadavres. Du haut de la tour qui constitue l’hôtel en lui-même, les vitres panoramiques nous offrent une vue incroyable sur la presqu’île et la mer de tuiles rouges qui rissolent au soleil couchant. On est là depuis deux heures et j’ai décidé que je n’étais pas à 64 euros prêt, à ce point là, et j’ai allumé une clope. Le serveur nous a bizarrement laissé faire. Il ne manque que des putes. Je me sens mieux maintenant que je suis saoul, malgré mes chaussures en cuir que je ne porte que rarement car elles me causent des ampoules, mais M. m’a dit qu’il valait mieux que je mette ça plutôt que mes Top Ten, pour que l’on ait pas de soucis à l’entrée, et j’étais peu à l’aise, engoncé dans mon costume, au début, dans la mauvaise case. Ivres de Gin tonic, on est repartis après avoir payé chacun notre part, les mathématiques difficiles. Je sais pas qui, peut être M., l’autre, celui avec des lunettes, et une tête de raton, un peu, a parlé de toucher, j’ai dit combien et oui sans faire de pause, sur le même ton neutre, et j’ai retiré encore 60 euros. J’ai réalisé que j’étais en train de vider mon compte du fric que j’avais gagné ces vacances et que je serai incapable d’expliquer à mes vieux comment je l’avais dépensé. J’ai regardé A. à côté, qui s’était vexé que la vendeuse de chez Paul Smith lui fasse une réduction sur son manteau, B. qui avait sur lui la carte de sa mère ou de son père ou les deux, X. qui avait réglé avec un billet de 200 balles, et je me suis senti complètement étranger à tout ça. J’ai dit, passez moi la tize, j’ai bu, et ai demandé à ce qu’on se bouge, je voulais prendre un kebab, et, j’ai regardé dans mon paquet de clopes, il était presque vide, des clopes donc, et après on avait des courses à faire. J’ai reporté la bouteille à ma bouche. Mieux valait être ivre et maintenir le consensus silencieux sur le peu d’importance de mes origines sociales. Et tant pis pour mon découvert.


AAGTTSITS est le side-project à 37 lettres de Josh Todd (ex Bark Cat Bark), et au risque de paraître monomaniaque, je ne pouvais pas ne pas poster la merveille inclassable qu'est cette track instrumentale qui rappellera en vrac Mogwai, Tiersen et la Bande à Bader, parce qu'être aussi bon, c'est du terrorisme.

3 commentaires:

Wednesday Chaos a dit…

VADIM tes frasques nocturnes m'inquiètent. Jeune décadent, t'as pas peur de finir en gav chez les POULET?
Mais bon, t'es pardonné, parce que AAGTTSITS (glurp, j'ai failli m'étouffer avec la fumée de ma bergson&hegel gold 100s en essayant de prononcer ça à haute voix) ça vaut son pesant de caca.
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Matthieu M. a dit…

On dirait Moins Que Zéro mais à Lille.

Dim. a dit…

très fort ce texte mec