28 décembre 2009

Je suis une pute.

Y’a quelques mois, l’application Whopper sacrifice m’avait fait de l’œil, mais l’absence de Burger King en France m’avait dissuadé de mettre en pratique la suppression de dix prétendus amis de Trombinoscope. Récemment, j’ai lu qu’un français moyen avait 120 amis sur Facebook. J’en ai 6 fois plus, et ma timeline est vampirisée par trop de blaireaux que j’hide à tours de clics. C’est chiant. En plus, pour les ¾, c’est des gens que je snoberais si je les recroisais, je regarde juste leurs albums pour ricaner. Il paraît qu’à partir de 800 amis, on devient un individu socialement dangereux, et moi je suis un mec gentil ET influençable, alors j’ai décidé de me mettre au travail, de sauvegarder mon image en HTML quoi, de me racheter une web virginité, surtout que j’étais vénère, la pétasse de chez Spotify venait de me gueuler dessus. J’ai donc testé pour vous la suppression des « amis » virtuels. C’est un peu comme un avortement, mais sans douleurs ni états d’âme, un peu comme un footing, mais sans fatigue, ça défoule, je dois dire.

La vérité, c’est que j’ai trop de contacts. Je pensais pouvoir utiliser Facebook comme une sorte d’outil entriste, avoir 800 bonhommes qui regarderaient mon album de photos argentique qui, en toute objectivité, niksamère et me donneraient leur avis, qui lèveraient les pouces pour mes statuts Evène.fr, je me disais qu’on serait une communauté de gens qui se sont fréquentés, qu’on en apprendrait plus sur nous et les autres, j’étais plein d’enthousiasme, un vrai bisounours. Malgré le bel exemple d’échec de Beigbeder, je pensais encore pouvoir être le Ben Laden de FB, monter dans l’avion pour le détourner, y insérer de la subversion, mais je n’en ai été que le nigérian, un nouveau fail obligé de constater que la moitié de ma friend list n’était jamais connectée, que la moitié de cette moitié pourrissait mon Newsfeed avec ses délires à la con, et que la moitié de cette moitié pourrissait mon chat que je n’utilise pratiquement jamais de toute façon, vu que j’ai Google Wave. Je suis devenu comme ces app qui poppent en bas à droite sur ton écran quand tu visites un mauvais site de cul, une pute qui danse et se fout délicatement à poil, mais tu la regardes pas parce que t’as mieux à faire, une prostituée grosse et noire, les poteaux en minijupe, perdue sur Hollywood Bd, comment tu veux qu’on me regarde ? C’est décidé, je vire tous ces blaireaux inutiles.

C’est fou le nombre de gens que je redécouvre en naviguant dans ma friend list, le nombre de mecs que j’ignore, inactifs depuis 6 mois, que j’avais oubliés. Ma curiosité s’arrête là, j’ai quand même une mission, sauf pour les filles aux profiles pics aguicheuses.

Mais putain, sérieux, j’étais ami avec tous ces gens ? Je veux même pas savoir pourquoi j’ai pu, si c’est moi, les friend requester. C’était sans conteste une mauvaise passe de ma vie, si c’est le cas. Y’a ce mec que je connaissais au collège, je jouais au foot avec lui mais je lui ai pas parlé depuis la fin de ma quatrième, il ressemble à Benoît Pedretti : remove. Y’a le blaireau qui venait tous les jours au bahut habillé comme pour la soirée White d’Eddie Barclay. Maintenant il est en prépa, il n’a plus de vie, et de toute façon, elle n’était pas intéressante avant : remove. Le mec avec qui je faisais de l’athlé avant d’arrêter de courir et de commencer à fumer, que j’ai reconnu que grâce à un wall post d’une très vague connaissance en commun : remove. La fille qui veut devenir écrivain et qui traînait dans la même cour que moi en 5ème, terrible nobod : remove. Le mec qui voulait être une star du rock, qui veut toujours, qu’a un groupe qui joue du « garage-rock » mais qui est fan de Blink 182 : remove. La fille qui a quitté Sciences Po et que j’ai jamais vraiment blairé, et qui est trop blonde pour être classe, et trop petite et trop grosse pour que je me branle sur ses profile pics : remove. Alex Beaupain : remove. L’inconnue qui m’a ajouté : je checke s’il y a moyen de moyenner par inbox, j’aviserai après. Tiens cette meuf est devenue bonne : finalement, je la garde, je suis vraiment un mec sympa. Les mecs avec qui je trainais en quatrième, quand j’étais un raté ? Je réécris l’histoire, je me débarrasse de vous, je vous oublie bande de bolosses, je suis le Staline de la timeline, et c’est votre grand procès, vous n’avez pas un mot à dire pour votre défense, mais vous pouvez aller en enfer. Toi, et toi, vous êtes des putains de bons partis, je vous ai jamais laissé de wall posts pour vos anniversaires dont je ne connaissais pas la date et m’en cognais, mais, on ne sait jamais, je pourrais avoir besoin d’un stage dans la banque. Je doute que je te reverrais jamais, mais avant d’être une meuf bonne t’es quand même une meuf cool, tu peux rester.  Hehehe, on a joué au foot ensemble, et je pouvais saquer pas grand monde dans cette bande d’incultes notoires : remove. Les vagues camarades de collège ? Remove. Merde, t’es arabe, toi? Aucun intérêt : remove (ouais, j’ai un goût pour les blagues aux tendances plus racistes que la Panzer Division – Point Godwin – mais au fond je suis un gentil). Oh, un faux profil : remove. Ton profil à toi est beaucoup trop LOL : je te garde et je te chéris, merci. Ok, je te connais pas et je t’ai ajoutée parce que je t’ai vue une fois et que tu étais beaucoup trop #meufbonne (SuperetteTM), et je perds pas espoir, tu restes. Holden Caulfield et Horatio Caine, je vous fais l’honneur de vous conserver, Jacques Chirac aussi. Ton père est un VIP qui passe à la télé : tu restes. Malika Ménard, tu as ton ticket pour les 10 prochaines années. Le fait qu’on ait pris le train tous les matins ensemble pendant deux ans fait-il de nous des amis ? Non : remove. Tu es beaucoup trop laide, tu le sais ? Remove. Jean Nipon ? Ouais, mais non, au fond, tu sers à rien : remove.  Et ainsi de suite. Je garde le facebook de mes ex, parfois c’est drôle, parfois c’est triste mais c’est toujours intéressant. Par contre, celui de mon amoureuse de primaire, non, je peux pas déflorer son souvenir à la vue de ses photos, elle a changé, mais c’est pas une bonne nouvelle : remove.

Concrètement, comment on fait ? Comment sélectionner les ex-amis ? La merde ce serait qu’ils s’en rendent compte. Difficile de dire qu’on a changé de portable et perdu tout ses contacts, même si parfois c’est vrai. A moins d’être sûr de ne jamais la revoir (déménagement dans les îles Ioniennes, mort à crédit, bolosses ultime), ou d’être capable de snober la connaissance devant témoins (ça équivalait quand même à un duel à l’arme blanche jadis, les mecs déconnaient pas avec l’honneur, quand nous c’est avec les Whoppers/ fin de la divagation), c’est donc un pari pouvant être dangereux. Supprimer quelqu’un de ses contacts, c’est un peu déclarer sa mort sociale, et soutenir que sa vie est inintéressante. C’est vexant au plus haut point, pour certains. Il faut faire gaffe aussi, certains contacts bons publics sont de très généreux pourvoyeurs de notifications. J’ai de la chance, je les aime bien ceux là, mais un utilitariste pourrait facilement professer que l’amour narcissique de ses posts fournis par d’autres à coups de likes vaut bien une gueule de con ou deux dans sa timeline. Le mode d’emploi de Facebook est plutôt vague quant à la destruction de son réseau, qui ne semble pas vraiment être sa fonction première, vu les bugs de suppression récurrents, mais toute réécriture biographique la nécessite pourtant. Pour placer cet article dans une perspective sociologique, pseudo-universitaire, docte et masturbatoire, la référence précédente était nécessaire, même si le terme exact m’échappe encore, (Invitation à la sociologie, Peter Ludwig Berger, j’en ai chié pour le retrouver), et on est obligés d’avouer qu’avec Myspace, twitter, FriendFeed, Pearltrees, Flickr, Weheartit et Facebook, Dick Whitman aurait été bien dans la merde pour se payer une nouvelle vie. Là, il lui suffit de balancer son répertoire téléphonique dans le caniveau pour se débarrasser de ses fripes de bouseux. Je demanderais presque à NKM le droit à l’oubli, ou qu’à Sciences Po on ait tous des cours de RI, parce qu’aujourd’hui, Facebook et Worldface sont pas si différents. C’est beaucoup de bruit pour rien, mais c’est là que sont les choses sauvages : si on est pas diplomate, on peut vite déclarer une guerre d’une friend request ignorée. Conclusion de cette brève analyse: dans la suppression des contacts, on se révèle très vite pro-fille.

J’avais 734 amis. Ouais, j’ai été un de ces paradoxes ambulants de FB qui collectionnent les contacts tout en ne joignant que des groupes proclamant un élitisme passéiste. Ouais je me suis retrouvé ami avec tous les gens que je connaissais de près ou de loin, j’étais un stalker, un vrai, je bouffais des profiles comme un keuf les ID, quand je croisais une meuf canon, je l’ajoutais pour savoir si elle écoutait Billy Crawford et si oui ou non ce serait vraiment rédhibitoire si je pouvais moyenner, tout ça en faisant défiler les profiles pics et les photos of me, avec un débit de mitraillette. J’en ai plus que 403, et encore, il y en a beaucoup pour lesquels j’ai choisi de faire profil bas. J’aurais gagné un sacré paquet de Whoppers, si le timing avait été bon, je me serais tapé un putain de festin, j’aurais été royal, un vrai mac. Le plus drôle dans l’histoire ? Le lendemain de cette belle expérience, je recevais une Friend Request toute fraîche d’un des contacts précédemment supprimé qui pense sûrement qu’il y a eu un bug dans les serveurs de fb, ouais ouais. Je crois que je vais commencer une Friend List appelée « A supprimer », ça fera très hitman.

Si vous avez-vu ce lien sur votre Homepage, vous pouvez souffler.

2 commentaires:

Olivier a dit…

Je crois que je vais prendre le pari et voir combien de temps je peux y rester, actif et en contact avant ta prochaine vague de suppression. J'ai l'impression que te faire une friend request c'est un peu comme rentrer dans l'arène faire un tour de rodéo, c'est amusant.

A noter :
1) Je suis impressionné par tes excavations, Billy Crawford en particulier.

2) Tu es d'ores et déjà passé à 404, un moment de faiblesse ?

Vadim P. a dit…

J'ai accepté celle qui m'a redemandé le lendemain, ce n'est que partie remise.

J'ai accepté celle qui m'a dit qu'elle me connaissait comme "le meilleur facebooker", parce qu'à ce niveau-là, c'est limite une faciale virtuelle et que ça ne se refuse pas.

Ca va, mes vélléités de ménage sont satisfaites.