3 février 2010

Mes potes IRL sont des losers.


Je suis navré de devoir dire ça. Je les adore quand même, hein, c’est pas la question. Mais Twitter l’a révélé très vite.

Quand je l’ai abordé dans la vraie vie, Twitter s’est révélé un grand sujet d’incompréhension entre mes amis et moi. Ca faisait déjà un bout de temps que j’y trainais mon mètre quatre-vingt sur cent quarante caractères, j’ai lâché le mot, les sourcils se sont levés, et j’ai dû expliquer le concept. Incrédulité, stupéfaction, et surtout l’argument choc, l’imparable botte de Nevers, le monstrueux, le lâche coup de pied dans les burnes : « mais ça sert à rien ». Je ne sais pas si ça ne sert à rien parce que tu as une vie, ou parce que tu la trouves trop inintéressante pour la raconter à 100 personnes, ou si en fait c’est simplement une question de capacité.

Je crois, à titre personnel, que ça relève d’une incompréhension de Twitter. L’utilisation comme un moyen de branding comme peuvent le faire certains pipoles, politiques ou journalistes, à titre « professionnel » est en règle générale comprise. Twitter est évidemment un moyen de dire « je suis près de vous, je suis comme vous, moi aussi je vais aux chiottes », même si ça en emmerde certains, et je ne citerais pas de noms. L’utilisation originelle de Twitter, le « What are you doing ? » est toujours extrêmement importante pour moi. Quart d’heure sciences po : Le « What’s happening ? » qui est arrivé suite aux évènements d’Iran, si je me rappelle bien, évènements qui ont installé Twitter comme un lieu de veille médiatique, de participation citoyenne à la circulation de l’information et pas de simples liens LOL de la presse locale, en lui donnant une utilité constitue une altération, de même qu’un enrichissement (flemme de détailler le paradoxe, gfy si ça te va pas), de ce qui me semble à la base de Twitter (fin du quart d’heure). Twitter, c’est les Quinze minutes de célébrité de Warhol, tarif cinq RT minimum dans ce laps de temps. Mes potes qui se sont inscrits sur Twitter y sont allés deux fois, parce qu’avoir 2 followers n’excite personne, soyons honnête. Ils s’imaginaient peut-être qu’on irait les suivre de nous-mêmes sans avoir besoin de voir ce qu’ils valaient. Ils n’avaient pas compris que sur Twitter, les quinze secondes de célébrité, il fallait aller les chercher, que c’était pas Big Brother qui allait nous révéler, qu’au contraire, il fallait se battre, que c’était la jungle, en somme, qu’il faut s’imposer dans les TL et choisir ses bons mots pour faire mouche et ses preuves en deux phrases. Clair, concis, efficace, une punchline qu’on graverait sur infinitetweet à défaut de pouvoir disposer des mémoires. L’espace public n’attend que tes déclarations mais c’est à toi-même de le construire, de le captiver, au sens premier du terme, le prendre en otage, un canon sur la tempe : l’espace public, sur Twitter, n’est que celui que tu arrives à constituer par tes propres moyens, les spotlights n’ont pas de têtes chercheuses. Twitter, c’est un peu le paroxysme du « from rags to riches », l’acmé du rêve américain avec tous ses mauvais côtés : il faut marcher sur les autres pour se sortir du ventre mou du peloton de twitters moyens, il faut, au début, monopoliser la TL, cracher dans la soupe, taper sur les cadors ou même sur les faibles, ça peut aussi faire l’affaire. Et si tu te fais taper dessus parce que t’as dit une connerie ? Tant pis pour ta gueule, on s’en remet tous, et c’est toujours mérité, j'en sais quelque chose.

Comme tout lieu on où se bat pour un peu d’attention, des stéréotypes apparaissent. Pour faire simple, il y en a 3, et, évidemment ce sont des idéaux-types (bref retour du quart d’heure).

Le premier, c’est la brute de twitter, et il y a deux options. Un, c’est le compte dont le fond de commerce c’est le RT, un peu comme la Leffe chez le reubeu. En gros, on te bombarde de liens que t’avais généralement déjà dans ta TL trois jours avant, émanant de gens que tu suis déjà en propre, et sous prétexte de collecter des informations LOL ou intéressantes, sous le prétexte de « la veille informationnelle » évoquée plus haut. Ca bouffe ta TL mais parfois, j’avoue, c’est utile pour briller sur Facebook.  Dans la même veine, le twitter influent est plutôt chiant aussi, ne serait-ce que parce qu’il est influent et pas toi. Son ratio followers/following te fait pas déconner, mais il est aussi énorme que ses tweets sont sans grand intérêt en majorité : ouais t’as eu des bons de réduc pour les nouvelles serviettes nanas, mais perso, je m’en fous. Tu sais pas trop pourquoi tu le follow, sûrement simplement parce que Twitter c’est comme partout, on est un peu voyeur et on aime la comédie humaine, et les paradoxes. Parfois on lui mettrait des bitch slap si on avait le bouton adéquat : pas exempt de contradiction, le twitter influent peut par exemple, cracher sur les membres de sa TL racontant leur vie sans s’arrêter de le faire. Et puis, parfois, il poste un lien qui, comme une note juste dans une chanson de Jena Lee, pardonne tout le reste. (Le reste, c’est les tweets, pas sa discographie.)

Le second c’est la fille sur Twitter. Là y’a encore trois possibilités : elle ne sert à rien, met des liens vers des photos de pipoles pour nous dire qu’elle aime trop leur look et a un blog mode qu’on peut conchier avec plaisir (y’a des exceptions, on se calme d’avance), parce que ça va deux minutes, c’est écrit comme de la merde à propos de sujets dont on se branle, parce que, soyons honnêtes, la seule chose vraiment intéressante en matière de mode, c’est les mannequins pour Victoria Secret ; et putain, mais putain, qu’est-ce qu’elle a l’air con. Ensuite y’a celle qui nous gratifie de gifs trop mignons et de truc lolant, mais qui refuse de montrer ses seins, et malgré tout, aussi étonnant que ça puisse paraître, on l’aime quand même. Ouais, au royaume du LOL, les mecs font dans le fait divers gore, et les filles dans le gif. La dernière est un peu « attention-whore ». On sait pas trop pourquoi on l’a followée, au début, sûrement qu’on voyait ses seins sur son avatar, le syndrome Myspace étant éternel, en tout cas, le stéréotype du mâle sur Twitter la follow. Parfois, elle twitpic ses seins. Parfois elle parle de la dernière fois qu’elle a joui. On a tous oublié ce qu’elle faisait, avant d’être sur Twitter.  Ca fait un peu Minitel Rose. Ca nous fait plutôt marrer, parfois ça nous exciterait presque, et ça nous fait drôle d’avoir de la concurrence dans l’exhibitionnisme, dans le porno quotidien, dans le machisme. On l’aime bien au fond, mais les autres filles la traitent de pute. On rit quand on entend ça, et on dit qu’elles sont jalouses. Depuis Myspace, on a oublié que certains trucs auraient été super glauques IRL, en fait.

Logiquement, il reste le mec. Je pense que 50% des tweets doivent contenir le hashtag #meufbonne ou #gangbang, que les références à pornhub ou youporn sont plus fréquentes que les liens vers les articles du Monde, que les autres mentent tous sur la taille de leur queue, sauf moi bien sûr, que les liens en bit.ly pointent deux fois sur trois vers une photo de Sasha Grey, qu’il y a une chance sur deux qu’un RT soit celui d’un Tweet de Kardashian avec un commentaire à la limite du bon goût. Le mâle sur Twitter, c’est la chasse à la métrosexualité, c’est le retour aux vraies valeurs, pâté vin rouge saucisson salope et sodomie, c’est l’apologie de Bigard et du pastis pétanque, la béatification de Patrick Chirac, biscotte et qui pissera le plus loin, roulement de tambours, de mécaniques et de biceps qui explosent. Étonnamment, j’aime ça.

J’ai encore un peu de mal à me situer. Je crois que je suis un peu des trois.

(Photo non contractuelle).

6 commentaires:

Hans Killed Wildcat a dit…

t'es beau quand tu parles de twitter

La direction a dit…

Pour ma part, j'aime énormément me faire souhaiter chaleureusement la bienvenue par un following, ce qui à coup sûr indique qu'il ne me followera pas en retour.

Vadim P. a dit…

Je crois pas que je souhaite la bienvenue à mes followers.

G a dit…

#sécheunelarme

G a dit…

Toujours mieux que join des poneys sur fb.Il n'y a pas de poneys sur Twitter.Ni sur Youporn d'ailleurs.

La direction a dit…

Voilà, following fait.
J'espère que tu vas pas me blocker.
Ou à tout le moins, dans ce cas, que tu vas pas me souhaiter la bienvenue...