11 avril 2010

J'ai le MySpace du petit Jésus, même le MSN à Saddam hussein.


Souvent le matin après une race, j’ai mal à la tête, j’ai envie de vomir, je me dis que je suis qu’une merde. Mais parfois une sorte de miracle se produit : je me réveille pas trop tard, quasiment frais, les idées claires. Comme j’ai l’impression d’avoir été épargné par Dieu ou n’importe quel autre truc du genre, je décide de jouer le jeu : Dieu m’a fait une fleur, je vais lui montrer qu’il a misé sur le bon gars. Alors, tout devient symbolique, et chaque petite action que je fais est un pas de plus vers une rédemption virtuelle. Je me lève avant 11h parce qu’on nous a tous toujours dit qu’il était mal de se lever tard. J’ouvre toutes les fenêtres de mon appart' pour faire rentrer cet air ultra pollué mais dont je me force à croire qu’il est pur, qu’il est le vent du renouveau. Je fais mon lit pour que ma couette soit bien plane, et mes oreillers bien disposés, persuadé que ce lit est à l’image de ma tête.

Avec 6h d’avance sur le timing de mon dernier lendemain de race, je file à la salle de bain. Là je me fais la totale : d’une part je me force à me doucher à l’eau un peu froide pour me punir, mais d’autre part je me lave enfin les cheveux. Je verrai personne today je peux me permettre de pas avoir de volume. Et puis je me rase. Ce truc qui ne m’arrive qu’une fois toutes les trois semaines, je décide de le faire en ce jour précis de renaissance dans tous les sens. Une fois le corps nettoyé je passe à mon esprit. J’allume mon ordi, cette fois pas pour m’engloutir toute une saison de Dexter ou des Filles d’à côté, mais bien pour me brancher sur France Inter, voire sur France Culture quand je me suis mis une race vraiment honteuse. Et puis souvent j’ouvre une page Word et j’écris un petit texte, parfois dans l’esprit de celui-là.

Une fois le texte écrit j’ai une preuve de ma nouvelle bonne conduite. Alors je sors faire des courses et j’achète des trucs que je vais me cuisiner pendant mon redemption day, mais qui ne feront qu’encombrer mon frigo dans la semaine à suivre parce que jamais plus je voudrais y retoucher. Pour me saper en ce jour particulier je ressors mes mocassins, une chemise que je rentre dans mon futal. Je sors limite une petite veste et mes lunettes, pour que les gens dans la rue ne se doutent définitivement pas que 8h auparavant j’engueulais des poteaux ou renversais de la bière sur les seins d’une moche. Une fois rentré chez moi je me pose sur mon lit et je regarde ma journée passée. Je me dis que c’est bien, je peux avoir un peu moins honte de moi. Dieu qui avait foutu toutes ses économies sur moi, a eu raison. D’ailleurs en y repensant un peu plus, je me rends compte qu’au fond ce que je pensais être Dieu, c’est juste l’ombre de mes parents qui me rattrape alors que jamais je l’aurais cru. Pourtant c’est bien ça : mes parents n’ont jamais autant de pouvoir sur moi que quand je me réveille après une taule à des milliers de kilomètres de chez eux. Enfin, une fois que je me suis rendu compte de tout ça, je me dis que le supermarché va bientôt fermer, et que si je me grouille pas je pourrais pas m’en caler une dégueulasse ce soir. « Chaque fois ça pète et je reconstruis ».
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci, j'arrivais pas à trouver les mots.

Anonyme a dit…

parfait.