10 avril 2010

La mémoire volée.



Je sais, n'en dis pas plus, je t'ai manqué mais pas de problème, je suis de retour.

1920. T'es à Paris, t'es américain, ou français, t'es dégoûté par la guerre qui vient de se terminer, et tu passes ton temps à te bourrer la gueule sans y trouver aucun plaisir, parfois, tu trimballes une poule sur le boulevard, tu couches pas avec par peur des maladies mais tu la promènes, tu la présentes à tes amis quand ils sont saouls et vous riez de sa façon de parler et ça fait un trou dans ta monotonie. T'es aux states, y'a la prohibition et t'as donc pas le droit de tizer et tu trouves d'alcool nulle part dans l'économie surterraine, tu traines à la Nouvelle-Orleans, y'a un noir tout ridé qui se balance sous l'auvent devant sa maison sur son rockin' chair en grattant une guitare à la main et en tétant son clope.

Tu rentres dans une cave à Paris. Les cocktails existent pas encore, on boit de la tize avec du soda ou du Perrier avec du citron ou des olives, du Pernod qui est encore de l'absinthe, du whisky ou du Martini, la vodka est toujours un truc de rouges. Donc tu fumes et tu bois et tu danses avec ta poule. A la Nouvelle Orleans, y'a un videur noir devant une cave dans un costume trois pièces et avec un chapeau mou et en lui filant 5 dollars tu peux descendre t'en mettre une sévère en buvant de la lotion capillaire à 80°, en fumant et en touchant des poules.

Les deux caves ont la même gueule, les alcools ont tous le même goût, les bars ont tous la même substance poisseuse sur le comptoir, les hommes ont tous le même costume avec des couleurs et des coupes différentes, les morts ont tous la même peau, y'a que les colorations qui changent et la dégaine du cercueil.


Dans un coin, coincé entre deux tables, y'a un piano, et sur une petite estrade, un mec qui chante psalmodie slam avec derrière lui un petit orchestre minable fait avec les moyens du bord, une trompette, un sax et deux petites caisses et un charleston pour faire une batterie, en équilibre au bord du gouffre de l'estrade à se serrer pour pas tomber, en bras de chemise, tous les quatres, racés.

En 2010, on s'imagine que le chanteur psalmodieur slammeur est le genre qui arrache négligemment le filtre de sa malback avant de la foutre dans sa bouche. Le genre à la dure quoi, une voix rauque comme ça on naît pas avec, enfin c'est ce que m'a dit mon père, pour pas alimenter la thèse de l'inégalité des races. Tu vois, C.W Stoneking fait un blues qui a 90 ans de retard. Surement parce que le blues ne vieillit pas (#CLICHE), passé le Rio Grande, passé le Gange fêté à grandes lampées de vodka orange, on pourrait croire que c'est complètement con de faire du blues passé le bug de l'an 2000. Moi je trouve que ça aurait été bien que Christopher William ait été là pour fêter la victoire des Saints au Superbowl plutôt que The Who. Sauf qu'il est Australien et que les aborigènes qui l'ont élevé auraient sûrement pas voulu qu'il aille faire le mariole sur une scène lumineuse.

Donc non seulement j'ai pas pu upper l'autre mais en plus le fichier est, chez moi, présentement indisponible. Mais ça vaut le coup d'attendre, ou de chercher ailleurs.

1 commentaire:

Alexia a dit…

Ell sort d'où cette deuxième photo? C'est fou.