8 mai 2010

Mais en bas c'était un cactus?


Le soleil se couche, je rentre d’une très lourde demi-heure de jet ski dans la mer d’Oman agitée par la lumière déclinante. On arrive en bombardant sur le sable, les Indiens se barrent en courant et nous engueulent. « Tiens récupère ta bécane fils de pute », je la leur jette comme une meuf après l’amour. Je rejoins le reste de mes potes sur les transats. La tournée de Tuborg et de Vodka Sprite arrive pile à temps. Une mélodie de Trance Goa commence à raisonner dans le ciel aussi loin que celui-ci n’a plus de limite. Les Indiens errent, hébétés. L’alcool monte à la tête avec la fatigue et la chaleur. Je jette un regard ambiance « Ce soir tu vas prendre » au groupe de Scandinaves d’à côté. Je me lève, claque quelques petits mouvements de coupé-décalé et je scrute l’horizon. Pas de moment lyrique non non, je cherche. Je cherche l’ombre au tableau. Je regarde autour de moi, je regarde ma journée, avec une frayeur qui me file une érection je jette un coup d’œil à la soirée qui s’annonce. Où est le piège ? C’est Goa, pas de piège. Ces pédés de roots l’ont bien compris dès les 70’s.

Des roots y en partout ici. Le soir les plus weird se donnent rdv dans des clubs gigantesques à quelques dizaines de mètres des plages. Sauf que cette fois, je suis là aussi. La trance est omniprésente. Je me fonds dans cette musique qui s’éclate la gorge pour en faire sortir le mal occidental. Je comprends tous ces hippies et ces freaks qui à Goa depuis 40 berges ont formé une sorte de vie dans la Vie. Le soir au West End à Calangute ils se déhanchent sur cette musique qui bombarde tellement les oreilles qu’elle ne laisse plus le choix de rien, même pas le choix de penser, surtout pas le choix d’attendre. Les hippies et les freaks dansent en pleurant, à cheval entre l’Occident malade et Dieu. Avec une teille de vodka dans le bidou je me joins à leur complainte. Mais moi, je pleure de joie. Ce mal est trop beau pour qu’on veuille y foutre un terme. Je veux rester prisonnier de cette musique et de cette société. Cette trance je l’aime parce qu’elle est tout ce qu’il y a de moche donc de jouissif dans le monde d’aujourd’hui. Je l’aime surtout parce que je suis complètement torché et que je me dois de faire bonne impression devant la Danoise qui me mate depuis 10 minutes. Cette trance, tout le monde l’aimera. Parce des Danoises il continuera d’en venir à Baga Beach. Parce que des teilles de vodka en boite à 10 boules il continuera d’être possible d’en payer.

Fini les conneries. Goa n’est plus faite pour les hippies. Virez-moi tous ces dreadlocks et ces gosses blonds qui vivent à poil au milieu des chiens sauvages. Foutez-moi un énorme coup de balais dans ces tas de touristes bobo fumeurs de oinj’ qui viennent du Canada, lisent Shantaram et disent « Yeah… this was a very shanti place ». Y a trop de sueur et de violence à Goa pour que les babos y restent. La croisade pour reprendre Goa aux camés a commencé. C’est comme si l’argent faisait un pas de plus. Les jeunes blancs riches débarquent dans les spots de pauvres. Il ne restait plus aux hippies que Goa ; eh ben c’est fini. Le riche peut se payer sa teille de vodka à Saint-Trop’, mais il en veut plus. Alors il part désormais à Goa pour se payer ses 4 teilles de vodka dans le bar d’une plage paradisiaque où (juré) nagent au loin quelques putain de dauphins. Poussez-vous, je veux tout. Je veux ne laisser de place à personne d’autre qu’aux gens comme moi.

Il est huit heures du matin. Avec quelques bières et deux teilles de vodka dans la carlingue je me fighte contre les vagues dans une mer qui n’a pas refroidi. Torchée en train de dormir m’attend à côté d’un transat renversé Charlotte, ma Danoise préférée. Dans 20 minutes on baise et c’est comme si cette soirée était le dernier coup du lapin foutu aux hippies mes ennemi. Chaque vague qui me renverse vénère, chaque respiration laborieuse qui rapproche un peu plus Charlotte d’une galette imminente, tout ça pousse un peu plus au loin les radeaux des derniers roots que la vodka a fait fuir. Goa n’est pas l’alternative au monde contemporain, elle en est le pur produit

6 commentaires:

Bibibibiatch a dit…

Ambiance Le Noyau mais très bel article

Dim. a dit…

Meeerde, faudra que je fasse gaffe à l'avenir.

Anonyme a dit…

Estimez vous heureux ça aurait pu être "ambiance fluokids"

pierre a dit…

like.

Unknown a dit…

C'est vrai que ça ressemble pas mal à ce que tu post sur lenoyau mais ça a le mérite d'être bien écrit au moins.

Julie a dit…

Texte incroyable.
Passez un jour sur mon blog musique :)
xx