4 octobre 2010

on a pas le même âge mais c'est pareil.*


Il faisait gris mais on était contents quand même. Sur la plage, Delphine avait commencé à boire seule et je m'étais senti obligé de la suivre. C'est pas comme si ça m'avait dérangé, parce qu'au fond, c'était comme si j'avais toujours attendu ce moment : celui où j'allais enfin me sentir vivant, loin de toutes mes angoisses. Lorsqu'elle a commencé à être un peu torchée, elle m'a demandé ma veste. J'ai hésité un peu, puis je la lui ai donnée. Parce que ça me faisait plaisir, mais aussi parce que c'était comme si elle prenait un morceau de moi.

On s'est approchés du bord de l'eau, main dans la main, et elle était clairement trop froide pour moi, peut-être parce qu'il était 22h et des poussières, ou parce qu'on était en Bretagne. En tout cas, elle souriait et poussait des petits cris à chaque fois que l'eau touchait ses pieds. Je trouvais ça terriblement séduisant, comme si tout ce que j'avais adoré chez une fille se retrouvait dans Delphine, dans ce moment que nous passions tous les deux ; main dans la main, les pieds gelés, les autres qui crient de revenir depuis la plage.

J'ai la main de Delphine dans une main et la bouteille de Jack dans l'autre, et quand elle me demande une gorgée je lui dis qu'elle est déjà suffisamment torchée. Elle sourit, me dit que j'ai raison de m'inquiéter pour elle. Je peux lire en elle comme dans un livre de Saint-Ex' ouvert : elle a un visage mutin mais marqué par la fatigue de ces nuits qu'on enchaîne depuis qu'elle est arrivée ici, à Saint-Cast. Je sais qu'elle a ses problèmes dont elle ne veut jamais parler. Je suis prêt à l'écouter, en tout cas. Car c'est aussi ça qui fait tout l'intérêt de ce moment que l'on partage : cette fille a ses histoires à raconter et je me permets de croire que je suis le seul à pouvoir les écouter. Je me sens comme le capitaine Achab prêt à combattre le Moby Dick de mes sentiments pour elle.

Je me sentais finalement loin de mes angoisses et vivant, ouais, clairement. Amoureux, aussi, peut-être. Une chose est sûre en tout cas : j'ai jamais autant aimé Saint-Cast et la Bretagne, la Manche et son eau glaciale, la nuit et son obscurité, que ce soir là où main dans la main, Delphine et moi avons traversé la nuit comme le RER C qui me ramenait chez mes parents, à Versailles, lorsque j'étais trop jeune pour avoir peur de l'avenir.

(* raphaël - chanson pour patrick dewaere)

8 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai ris tout au long de l'article . Bel hommage.

Anonyme a dit…

ahahahah j'ai ri du début à la fin, c'est cool j'aurai eu mon nouveau post de Dimitri comme ça.

Matthieu M. a dit…

Merde, j'espérais vraiment faire pleurer!

Anonyme a dit…

tant pis une autre fois, de toute façon si ça peut te rassurer je pleure jamais quand je lis moi. Et au fait le premier anonyme dyslexique, en plus de me voler mon commentaire t'es nul en conjugaison alors la prochaine fois abstiens-toi hein. Mais #bisous quand même.

adandpecli a dit…

BIEN JOUE CAMARADE DIMITRI (c'est mieux comme ça)

Aëlle a dit…

"Parce que ça me faisait plaisir, mais aussi parce que c'était comme si elle prenait un morceau de moi." Ahahahah.
Je commente jamais d'habitude mais là c'était trop bon.

Anonyme a dit…

cest quoi cest photo ? tu les piques ? c'est eleonor dessu

Anonyme a dit…

cest photo cest trouvé sur internet ta vu?