12 février 2011

Je foirais même en badminton


C'était le matin. Tout le monde dormait encore, ils avaient bu beaucoup plus que nous. Sur cette plage inconnue le vent était fou, délirant. Il faisait ce qu'il voulait, c'était ce genre de vent qui prenait toute la place, qui se la donnait sans pudeur dans ce coin de la France plat depuis des siècles. Je crois que c'est le vent qui soufflait trop fort et qui nous a volé notre densité, à tous les deux. Il s'est mis à pleuvoir faiblement, tu t'es couverte avec ton écharpe et j'ai mis ma capuche. On s'est abrités derrière un bunker échoué là sur le sable. T'étais tout près de moi vraiment. Et là je n'ai absolument rien fait, alors qu'il aurait fallu que je t'embrasse. Je le sais bien, je comprends maintenant que sur le moment tu voulais que je t'embrasse. Je l'ai pas fait, je crois que j'avais peur, je crois que j'avais la flemme. La flemme parce que si je t'embrassais ce jour-là, ouais c'était tellement parfait que t'allais croire plein de choses. J'aurais dû te revoir deux ou trois jours plus tard une fois rentrés à Lille, j'aurais dû me coltiner les cafés à deux avec toi, les coups de téléphone le soir en rentrant des cours. Et je te sentais trop fébrile, pas assez forte, je sentais bien que j'aurais fini par te faire du mal. Du mal que tu mérites pas tu vois parce que t'es une fille géniale, vraiment. T'es drôle, t'es jolie, élégante, élancée, t'es moins conne qu'à peu près toutes les filles que je connais mais justement, notre histoire aurait été trop chargée, trop importante, trop sérieuse. Et j'aurais pas eu la force à la longue, de la porter pour nous deux. Alors ce jour-là je t'ai pas embrassée et on est rentrés retrouver les autres. Ils s'en foutaient, ils savaient rien, y avait du coup pas grand chose à savoir. Quelques mois plus tard après t'avoir croisée par hasard boulevard de la Liberté, je t'ai envoyé un texto. Je te disais que t'étais la fille qui me fallait. J'étais sincère, je le pensais vraiment, je veux dire je ne mentais à personne, ni à toi ni à moi. Pendant ces quelques années t'as pas arrêté de paraître, partir, puis resurgir dans ma vie. Ouais, tu revenais tous les trois ou quatre mois et à chaque fois je repensais à toi et je me disais, okay, qu'est-ce que je peux faire avec elle ? Je pouvais tout faire, et j'ai rien fait du tout. T'as répondu à mon texto, tu m'as demandé si je me foutais de toi et je t'ai dit que non, alors tu m'as dit qu'on se verrait la semaine prochaine quand je rentrerai à Paris. Je suis rentré à Paris, je t'ai jamais appelée. Si je l'avais fait on aurait pris un verre, on aurait peut-être fini par sortir ensemble. Au lieu de ça je te parle dans le vide et je sais même pas dans quelle ville t'es aujourd'hui. Voilà, t'es la fille qui depuis que je te connais, me renvoie périodiquement et sans le vouloir, à mes propres faiblesses. Notre histoire pourrait s'appeler "Chronique d'un échec endurant", un échec dont j'endosse les yeux baissés toute la responsabilité.


Le clip qui suit est trop beau. Du ciel gris, une piscine extérieure, une fille en maillot de bain, un plongeoir et des lumières sous l'eau bref, vraiment ce clip était fait pour que je kiffe. C'est tellement beau que tu peux foutre une musique triste et mater le clip sans le son, tu vois le genre.



11 commentaires:

Anonyme a dit…

De la bonne vidéo tumblr.
Allô?

Anonyme a dit…

Une autre façon de reconnaître Dim de Vadim : on trouve presque à tous les coups "je" dans les premières phrases de Vadim, alors qu'il faut attendre la cinquième chez Dim. Cela voudrait-il tout dire ? (nous n'aurons sans doute jamais la réponse !)

marine. a dit…

DUMBASS DIM.

Pierre Billon a dit…

Une idée! Et si tu usais de ton talent incontesté pour écrire autre chose que ces lourdeurs sentimentalo-anesthésiantes, que tu maîtrises parfaitement depuis quelques semaines?
On a bien compris ton immense faiblesse face à la gent féminine, ta difficulté à résister à l'appel d'un sein ou d'une cuisse à poil, blah blah blah. T'as d'autres histoires à raconter?
#àpartçajetaimefortmec

Anonyme a dit…

“Sur cette plage inconnue le vent était fou, délirant. Il faisait ce qu'il voulait, c'était ce genre de vent qui prenait toute la place, qui se la donnait sans pudeur dans ce coin de la France plat depuis des siècles. Je crois que c'est le vent qui soufflait trop fort et qui nous a volé notre densité, à tous les deux."
Superbe.
Continue dans ta lancée, n'écoute pas ce Pierre.

Vadim P. a dit…

Perso j'comprends pas la question d'anon2.

Vadim P. a dit…

Nan parce que je veux bien que tu veuilles avoir l'air spirituel et tout, mais je crois que c'est le premier article de Dim que tu lis.

I.heart.Vadim a dit…

je suis bien d'accord avec l'anonyme de 3H35.

Anonyme a dit…

Ce texte est une tuerie.
Il ne faut surtout pas arrêter d'écrire (ni de vivre, mais cela tombe sous le sens)

Anonyme n325 a dit…

Impressionant.

Négligeable Indécent a dit…

Tu peux raconter la même histoire de dix milles fois différente, l'important c'est pas ce que tu dis, c'est la façon de le dire