18 février 2011

Papier peint et anonymat


Même au bord de la piscine il fait trop chaud. Même derrière des lunettes noires il fait trop jour. Même en roulant trop vite les vitres ouvertes il fait trop lourd. Trop de mercure, trop de soleil, pas assez de vent. Depuis deux heures nous ne faisons rien d’autre que d’aller du frigo au cendrier à la flotte au transat, les gueules bouffées par la lumière. Personnellement je ne fais que me tremper dans la piscine qui brille au soleil. Damien qui y passe son temps dit qu’elle est bonne, qu’elle est belle, mais elle est plus belle vue de là où je suis.

Je serais mieux en Australie. Même pendant leur été à eux, si on me proposait je signerais tout de suite. J’irai à Cairns et ça sera le paradis. Je me baladerai dans la rain forest ou je me baignerai près de la great barreer reef, même si je sais pas respirer avec un tuba, ou j’irai juste sur les plages paradisiaques, ou en fait je passerai mes journées à rien foutre dans ma chambre, à mater Nickelodeon en fumant des clopes. Vers 5pm je rentrerai au motel, hyper motel, et y’aura les pluies tropicales, quand la lourdeur du ciel se liquéfiera avec une régularité effrayante, tous les jours à la même heure, pour nous tomber sur la gueule, et arrêter de peser, et puis j’irai me baigner dans la piscine en forme de haricot dans laquelle une amphore pissera en permanence, sous les trombes d’eau qui battront les toits et l’herbe flamboyante, avec parfois un coup de tonnerre, et tout gorgé de flotte qui ruissellera, et je serai bien, je serai mieux.

Mais là je vide une dernière bière et écrase une cigarette pour me tremper une dernière fois. J’enfile un short, une chemise liberty et une paire de docksides. Nous nous barrons à une garden party un peu floue, sûrement un peu naze, mais on s’en branle vu que nous avons à boire et que je ne sais pas qui doit nous faire rentrer, ça nous évite de réfléchir. J’ai vraiment envie de me casser avant même qu’on débarque. Ce qui tombe bien c’est que je conduis. Ce qui tombe mal c’est que j’ai juste envie de picoler. Je connais l’endroit, j’y suis venu plusieurs fois, une grande maison dont on utilise le rez-de-chaussée sans meubles, louée pour des soirées ou des rallyes. La première fois c’était cool, ça faisait bourgeois, et puis ça a fini par faire simplement nouveau riche qui veut en imposer, même si ça avait effectivement un côté pratique. C’est surtout qu’avec un mauvais deejay tout devient terrible. Je tourne dans les pièces en buvant mon jack rempli à la bouteille cachée dans le jardin, en attendant qu’un truc se passe, comme j’attends le Messie sur le chat facebook.

Mais y’a Laura, et quand la pièce qui sert de fumoir se vide, elle se retrouve par un ballet assez habituel entre le mur et moi et quand je l’embrasse, ou entre deux baisers, ou avant, elle me demande, tu te rappelles que la première fois qu’on s’est parlés c’était grâce à Gang of Four ? Bien sûr, je dis, et elle commence à chanter, your kiss so sweet, your sweat so sour, sometimes I’m thinking that I love you, but I know it’s only lust, et je chantonne avec elle, on murmure et on se bouffe les lèvres, et c’est vraiment bien, c’est vraiment irréel et j’ai vraiment envie de me rappeler ce moment, d’en faire un souvenir, de pouvoir l’invoquer plus tard avec un sourire niais, et puis finalement je me barre sans trop savoir pourquoi, vu que j’adore, sans pouvoir l’expliquer, son cul plat, ses cheveux courts, ses grands yeux noirs etcetera.

fuck it, no one listens to this shit anyways

Luper - Earl Sweatshirt

Ouais, je sais, on est en pleine période YONKEEEEEEERS OFWGKTA Twitter les as tués, tout le monde les aime maintenant ce sera plus comme avant nananana. Hey, vos gueules. Ils avaient qu'à refuser de passer chez Fallon, et dans ce cas là vos protégés que personne connaît et c'est pour ça qu'ils sont vos protégés se sont tués tout seul. Vous me cassez les couilles à vous plaindre que tout le monde en parle alors que vous faîtes que ça. Vous me cassez les couilles à accuser X ou Y, relaxez-vous, on est 25 000 connards français sur twitter, la moitié vénère Justin Bieber, vous êtes toujours hypes les gars c'est bon. Il vous reste Das Racist au pire. De toute façon le meilleur c'est Earl et il le prouve dans ce morceau laidback, avec son piano jazzy, ses rythmes déstructurés et son flow flemmard. Le meilleur mélange d'amour ("when she left, it didn't break my heart it broke my torso") et de gore depuis American Psycho.

Memories - Boat Club

6 commentaires:

Anonyme a dit…

OFWGKTA ont été très bon à fallon.
Enfin c'est pour dire qu'ils gagnent pas à rester inconnus, et c'est pas ce qu'ils veulent à mon avis. Qu'ils viennent renouveler un peu le rap game quoi.
Free Earl.

Raphael (CTT)

Vadim P. a dit…

Ils ont été fous chez Fallon et je suis pour qu'ils viennent retourner la tête de tout le monde, ce qui me casse les burnes c'est le discours des soit-disant early adopters qui veulent protéger leur truc tout en n'ayant que ça à la bouche, le paradoxe me saoule. Mais ouais, OFWGKTA ftw, même si j'préfère les intellos de Das Racist.

Cauchemardesque a dit…

De nouveau un putain de bon post, ouais ouais. Et #FREEEARL et tout.

Anonyme a dit…

Pour tes pseudo "early adopters" je comprends leur état d'esprit, mais je comprends encore plus que ça te saoule.
Sinon c'est vrai que das racist sont dingues, même si je les connais pas 100%. Je pourrais pas argumenter pour l'un ou l'autre. Ca fait un peu duel east coast / west coast hah.
Ma seule remarque serait que das racist sont plus satyre, comique, autodérision (je crois) alors que odd future c'est plus du slang, du gang et du swag, donc pas exactement le même trip.


raphael (le même)

Anonyme a dit…

satire putain

raphael

Vadim P. a dit…

ouais perso ça me faich la mentalité hipster, si un truc est bien moi j'suis pour le filer à tout le monde, mais j'suis peut être chelou là dessus. mais j'peux comprendre.

das racist c'est ça, c'est plus critique de la société contemporaine tout ça, c'est deux gusses hyper intellos et plus smooths. c'pas comparable c'est plus un feeling