14 mai 2011

Tête jaune


Dans le taxi je regarde les lampadaires passer. La radio, ou le lecteur CD du type passe de la merde. Elle rigole avec lui parce qu’apparemment ça lui rappelle des souvenirs, mais je suis incapable de reconnaître le morceau. Je me dis qu’avec sa tête sur mon épaule et les boulevards qui défilent ça pourrait faire une jolie séquence, mais la musique est pourrie. Comme toujours dans les taxis, j’ai envie de fumer, mais c’est elle qui a des clopes, et ça m’empêcherait de regarder les lumières en plissant des yeux pour les étirer le plus possible, comme je faisais quand j’étais gamin, sur l’autoroute. Peut-être que la lumière me rassure, que j’ai l’impression que le chemin est tout tracé ou une connerie du genre, peut-être que je m’en fous, tant qu’elle traverse la bouteille de vermouth et tombe dans le verre de gin. Elle me demande à quoi je pense, et je réponds, rien. Elle a toujours la tête sur mon épaule, et elle repose la question assez vite. Je dis encore, rien. En vrai, j’ai envie de pisser. Genre vraiment envie de pisser. Je lui dis en riant mais ça lui plaît pas, et elle se relève, croyant que je me fous de sa gueule. En vrai, aussi, je pense à cette meuf qui est réapparue après un an de silences mutuels, qui me proposait de « fêter mon retour » ou un truc du genre en inbox facebook, parce que, elle disait, mon numéro marchait plus vraiment. J’ai pensé que ma réponse assez lapidaire mais pas non plus impolie suffirait à la convaincre de mon peu d’enthousiasme. En vrai, aussi, je pense à l’Estonienne qui m’a tenu la jambe dix minutes tout à l’heure, blondasse platine aux cheveux courts qui a fait semblant de comprendre ce que je racontais quand je faisais aucun effort pour comprendre ce qu’elle me racontait, adossé à la fenêtre en buvant de l’Oasis comme une grosse merde. Je repense à ses questions à la con et à comment je me suis barré sans rien dire et puis comment j’ai fait semblant de pas la voir chaque fois que je la croisais. Mais je dis rien, et on est arrivés. Elle me regarde, et elle dit, qu’est-ce que je fais, je descends ? Je la regarde, et je dis oui, et je dis pas que tout à l’heure, je pensais surtout à toutes les filles que j’allais choisir de faire disparaître à ce moment-là. Je m’arrête pour pisser dans une ruelle.

You're My Excuse To Travel - Baths

You Didn't Have To Be So Nice - The Lovin' Spoonful


REMINDER: On fait la TEUF soirce au PANIC ROOM ça va être GOLRI, prenez de la DROGUE et venez nous vendre de l'AMOUR.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

swag!