2 septembre 2011

workinprogress


J’aurais bien aimé que quelqu’un me prévienne qu’avec la sobriété reviendraient les crises de larmes, et les doigts qui crissent, pendant les trente dernières pages d’Echine. J’aurais bien aimé que quelqu’un m’avertisse, que ce serait terrible, le soir, pas dans la douce solitude solaire d’un après-midi de 15 août à brûler devant l’eau calme. J’aurais bien aimé que quelqu’un me rappelle que tout cela était avant pris par les glaces qui flottaient dans mon verre.
Soyons brûlamment honnêtes, et après ce mois passé à embrasser le cul des bouteilles, je sais de quoi je parle: personne ne boit parce qu’il se hait. Oh on le dit, je l’ai dit, ça sonne pas mal, c’est plutôt mélodramatique et tout mais c’est du vent, la dernière cartouche de gens désespérés, le dernier coup de ceux qui n’ont plus rien, méprisable et honteux, de la culpabilité.
Il est impossible de se haïr et d’aimer en même temps, puisque c’est la seule chose qui rende réellement heureux. Oui, il est assez horrible de se sentir si peu aimable, littéralement, quand quelqu’un vous dit, vous fait bien sentir qu’il ne vous aime pas de la même manière que vous. Mais je ne me déteste pas, je suis toujours le même, au fond, caché quelque part, celui qu’elle connaît. Alors, non, en vérité, je buvais parce que je l’aimais, genre mieux et plus que tout le monde, du moins aimé-je à le croire. Je buvais parce que je ne serais jamais vraiment à la hauteur, quoiqu’elle en dise, alors que j’étais déjà au plus haut de moi-même, et que tout ne pouvait alors qu’empirer et qu’il valait sûrement mieux précipiter ma chute. J’aimais son ventre et ses cicatrices et ses fesses et son nez et sa voix, ses faiblesses et puis tout le reste, plus et mieux que tout le monde, et je buvais parce que ça ne valait vraiment rien, et que ça faisait vraiment mal.
Ce matin, dans la lumière éclatante et triste de 7h du matin, je n’avais même plus le cœur de me préoccuper de ma dégaine de petit con. Je me suis senti bien seul, et tout ça m’a semblé bien dérisoire. Je n’ai pas énormément de certitudes sur la vie ni de grandes théories sur tout, mais en 2011, aimer et écrire sont surement les deux choses les plus vaines au monde.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

tu t'es inspiré du dernier post de cosmicjokers ? ceci est une question sérieuse, je ne suis pas un troll. et j'aime bcp ce texte.

Vadim P. a dit…

huh? je lis pas avidement cosmic jokers.

Compact-Cassette a dit…

Salut, je t'ai fait une compile:

http://jetaifaitunecompile.tumblr.com

Anonyme a dit…

je me disais bien :) j'ai juste trouvé qu'il y avait quelques ressemblances.