5 octobre 2009

Ce matin je me rendais au bahut, je passais devant le bâtiment de France Télécoms, un type en bleu de travail a joué à Superman. Et a perdu.

Quand on m’a engagé pour travailler ici, contre un salaire de misère et quelques groupies si jamais ça marche bien, et quelques cachetons douteux sûrement volés dans le placard à pharmacie d’une mère dépressive, on m’a dit: tu seras le mec qui nous balancera des jolies punchlines pour rendre drôles les chansons tristes, c’est toi qui fera pleurer les filles, mais les aura fait rire avant, et vous connaissez le dicton comme moi; forcément, le concept m’a plu.

Ce matin, j’ai voulu faire mentir tout ça. J’ai chaussé mes Top Ten 30 Years (Mon père avait les mêmes, tiens), et je me sentais le roi du monde, prêt à écouter de l’électro-pop, à me taper l’album de Yacht condensé en vingt cinq secondes démentes, à monter sur le bureau de l’amphi et jouer du Telepathe. Au lieu de ça, le Shuffle de mon iPod 160 gigas m’a envoyé au tapis en 3 mesures, et deux temps trois mouvements. La chanson s’appelle Sketch For Summer, du faux groupe de Vini Reilly, The Durutti Column, comme la Colonne Durruti (Guerre d’Espagne, cours de terminale, toussatoussa), mais avec une coquille. C’est pas comme si The Durutti Column était inconnu des dépressifs, loin de là, Vini Reilly en est un des plus grands. Mais cette chanson, c’est la légèreté personnifiée, c’est le murmure des oiseaux, le bruissements des feuilles des arbres, et le petit déjeuner au soleil sur la terrasse, dans une oasis de calme et de voluptés, avec une jeune fille en déshabillé de satin: Sketch For Summer c’est une prière pour que tous les petits matins du monde se passent comme dans James Bond.

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