20 mars 2011

"Vous avez écrit un truc sur mon ex femme en fait"

Hier après midi, les australiens de Cut Copy étaient à Paris pour défendre leur dernier album, Zonoscope, mais ils ont pris le temps de répondre à mes questions parce que ce sont de gentils garçons.

Salut, ça va ?

Oui, super. C'est la 3ème semaine de notre tournée européenne donc on commence à être super fatigués d'être tout le temps sur la route, mais ça nous fait plaisir de revenir à Paris. On a toujours impatience d'y être donc ouais, on est fatigués mais peu importe parce qu'on est à Paris.

J'vais commencer avec une question un peu barbante, mais votre nom « Cut copy » semble correspondre à votre processus de création. Enfin vous faites une sorte d'assemblage, vous coupez/copiez différents sons et vous les assemblez comme des calques. Vous faites ça consciemment ?

Je pense que tous nos albums sont des références à des mouvements artistiques et musicaux, on essaie de prendre les perles rares des 5 dernières décennies et de les rassembler. C'est un truc commun à tous les artistes je crois. Reprendre un élément, lui donner une autre vie ou le mener vers une autre direction, tout en lui donnant une touche sonore un peu plus moderne. Et ça s'applique à la musique et à l'art, y aura toujours des références à des médias très variés. Dans Zonoscope par exemple, on fait beaucoup allusion à des films, le but c'est vraiment de reprendre une pièce aléatoire et de la re-contextualiser.

A ce propos, pas mal de tracks de Zonoscope sont de vraies opportunités pour les remixes

Ouais, c'est vraiment pertinent dans la dance music, et vu qu'avant Cut Copy, on mixait un peu, on a conservé cet esprit. Mais quand t'écoutes bien tous les albums, les sons sont développés et se révèlent être un peu moins tournés vers la dance music ou l'idée d'accumuler les éléments, mais y aura toujours une part de ça dans notre conception d'un album.

Et c'est quoi cette histoire de mixtape « A tale of two journeys » ?

Avec chaque nouvel album, on sort un mix avec, c'est un making of, une sorte de plongée dans les chansons qu'on écoute pendant qu'on compose, les idées qu'on a eues. Après, c'est surtout un truc marrant à faire, maintenant, les gens sont aussi impatient d'écouter la mixtape que l'album, c'est plutôt sympa.

C'est aussi un hommage aux 80's non ?

Oui, dont cette période où pas mal d'artistes étaient inspirés par la culture africaine comme certaines collaborations de David Bowie et Brian Eno ou Graceland de Paul Simon. On était aussi influencés par le mouvement no wave new yorkais avec Liquid Liquid ou Konk, et aussi par certains rythmes africains, surtout dans les vocaux, y a d'ailleurs pas mal d'exemples dans ce mix.
Ca reflète vraiment ce qu'on écoute, et c'est pas nécessairement un truc à jouer en club, c'est probablement trop subtil. On a juste conservé une approche « dance » pour concevoir un mix un peu moins traditionnel.

Vous aimez bien Ariel Pink ?

Oh oui. On l'a rencontré en Australie, dans un festival où on jouait ensemble et on lui parlé de notre chanson « Alisa » sur notre dernier album, qui est une référence à un de ses morceaux. Il était complètement sidéré par le fait qu'on y ai fait référence, sauf que cette chanson parle de son ex, il nous a dit « vous avez écrit un truc sur mon ex femme en fait », c'était assez drôle.
Mais sinon il possède cette troublante capacité à écrire des mélodies brillantes, il a sa propre esthétique, une production assez lo fi et ses vocaux sont vraiment biens. Enfin, il a toujours été LA grosse influence, en particulier sur notre dernier opus.

A ce propos, vous avez l'air super relax pour un enregistrement d'album dans le Making of Zonoscope.

Oui, on est vraiment comme ça dans la vraie vie. Les Krozm ont vraiment fait du bon travail en capturant cet état d'esprit. D'habitude, quand quelqu'un se pointe avec une caméra, t'agis différemment

Ouais, genre les télé réalités.

Exactement, alors qu'eux ont réalisé une représentation assez fidèle de nos vies. Et vu qu'on était dans une endroit très isolé, on était vraiment à l'aise et on a pu expérimenter pleins de trucs. On a travaillé de façon similaire sur l'album, on était vraiment heureux et détendus.

D'ailleurs vous les avez rencontré comment les Krozm ?

(Tim) : En fait, je connais Chris depuis le lycée et je vivais avec Lachlan, et depuis, ils ont fait pas mal de nos vidéos. Ce sont de très bons amis et depuis pas mal d'années donc c'était assez agréable de les avoir dans la même pièce pour le Making of Zonoscope.
En plus d'être des types cools, ils font des vidéos formidables, on aime vraiment leur travail.

Vous leur avez aussi confié la réalisation du clip de « Sun God » qui est un peu votre phase à la Giorgio Moroder, ça ressemblera à quoi ?

En fait, ils ont fait un visuel pour le live, dont un pour Sun God qui est assez incroyable. C'est une référence au vieux film d'Antonioni, Zabriskie Point, et à la fin de ce film, des objets explosent et les Krozm ont réalisé leur propre version de ce passage, c'est assez hypnotique. Mais l'idée c'est de regarder des objets qui explosent en slow motion, et nous on fournit le son. Malheureusement, on ne peut rien montrer ce soir parce que la scène est trop petite.

Et on peut avoir quelques explications sur la vidéo de « Need you now » par Keith Scofield ?

On lui a donné carte blanche pour faire ce qu'il voulait et on a été assez surpris du résultat. On sait plus trop comment on est entrés en contact avec mais il nous a avoué être un grand fan, qu'il voulait vraiment travailler avec nous ce qui était fantastique, vu le respect qu'on a pour ses vidéos.
Quand on s'est rassemblés pour regarder la vidéo, on était vraiment contents de lui avoir confié l'affaire parce qu'il est allé au bout de ses idées tout en faisant du bon travail. On pourrait même l'utiliser pour les Jeux Olympiques.

Ou une pub pour Nike.

Ouais, y a une atmosphère assez tendue.

Vous accordez beaucoup d'importance à votre identité visuelle du coup.

Oui, on a tous plus ou moins un passé dans l'art, le design ou le cinéma donc les représentations visuelles sont aussi importantes que la musique. Y a une grande histoire chez les musiciens qui veulent avoir le contrôle total, comme Daft Punk avec leurs trucs de robot.
Même des artistes comme Cornelius avec le côté handmade de ses vidéos ou Beck, où t'as l'artwork qui éclaire la musique et vice versa, c'est un ensemble unique. On déteste l'idée du « on a un album, est ce que quelqu'un peut faire l'artwork »

Et alors pour Zonoscope ?

On a utilisé l'oeuvre d'un vieil artiste japonais qui s'appelle Tsunehisa Kimura et on l'adore parce que c'est une image assez saisissante et surtout, intemporelle. L'idée que ça peut s'accorder à n'importe quelle ère correspond à notre musique, où y a pas mal de références à pleins de périodes différentes tout en restant moderne. Et puis, le principe de photomontage, d'assembler le naturel à ce qui est fait par l'homme s'adapte également : on utilise des sons « mécaniques » avec les synthés et l'organique, avec la guitare, la batterie ou les percussions.
C'était vraiment la représentation de ce qui constitue notre musique.

Vous étiez au courant pour le Climax Blues Band ?

On savait pas jusqu'à que l'album soit sorti ! En fait, y a 4 différentes versions de ce montage, et eux ont la version avec le voilier, non ? Y a aussi Midnight oil qui a utilisé une de ces versions, mais sinon c'est une coïncidence, on en avait vraiment aucune idée.
En plus, l'artiste est décédé mais on a réussi à entrer en contact avec les éditeurs, et finalement, sa femme nous a laissé le droit de reprendre l'image. Il paraît que c'est une décision de l'artiste qui voulait laisser ses travaux être utilisés par les musiciens. Autant te dire qu'on était assez contents quand elle a retrouvé l'artwork dans son appartement.

Quelques heures après, Cut Copy transformait le Nouveau Casino en festival. Merci les gars.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Silence radio sur La Frange.
La qualité se laisserait désirer?

Anonyme a dit…

fluokids.blogspot.com si t'es pas content anon du dessus

Anonyme a dit…

+1
gogol